#8 – Rencontre avec Nicolas Vincent, Privat Equity Associate chez Naxicap Partners et alumni ESE

Nicolas Vincent a occupé le poste de Vice-président au sein d’ESSEC Solutions Entreprises en 2018. Après avoir été M&A Analyst au sein de Natixis, il exerce actuellement la fonction de Private Equity Analyst chez Natixis.

Nicolas Vincent revient sur ses années à l’ESSEC et son début de carrière.

Années à l'ESSEC

Quels ont été les moments forts de votre ESSEC ?

Après ma prépa au lycée Montaigne, je suis entré à l’ESSEC en 2016. Dès mon arrivée, j’ai tout de suite souhaité me professionnaliser et je me suis logiquement intéressé à ESE, d’autant plus que mon parrain de prépa était membre du bureau.

Durant mes années dans l’école, je me suis également beaucoup investi dans le club d’aviron. Finalement, j’avais donc deux activités très prenantes en termes de temps.

Peux-tu nous raconter tes premiers pas dans le PE et le M&A ? Qu’est-ce qui a guidé tes choix vers ce domaine ?

Comme beaucoup d’étudiants de classes préparatoires arrivant en école de commerce, je ne savais pas vraiment dans quel secteur je souhaitais travailler. En revanche, je dois dire que j’ai été rapidement intéressé par la finance étant donné son aspect scientifique et l’importance accordée aux mathématiques. Ce sont des éléments que je n’ai pas retrouvé dans les autres matières enseignées à l’ESSEC.

Pour ce qui est du début de mon parcours professionnel, j’ai effectué un stage directement après ESE en M&A chez Natixis. Cela me permettait ensuite de m’ouvrir les portes du Private Equity.

Son rôle chez Natixis

Après ESE, tu es entré directement chez Natixis Partners en tant que M&A analyste interne. Quel a été le processus de recrutement ?

Grâce à l’aide d’un alumni, Grégoire Hoppenot, j’ai réussi à passer les entretiens pour réaliser un stage chez Natixis Partners. Ce ne fut pas une période facile car les recruteurs ont généralement du mal à réaliser concrètement ce qu’ESE est réellement et tout ce que cela nous apporte (niveau d’implication, de responsabilité, hard skills, etc…). De plus, je n’avais pas d’expérience dans le monde de la finance. Or, c’est normalement un prérequis pour décrocher un stage en finance.

De plus, j’avais commencé à me préparer pour ces entretiens en parallèle de mes activités à ESE. J’avais donc un rythme de vie très soutenu. Par exemple, je me levais à 6h pour avoir du temps pour rattraper mon retard en finance car ma seule base était le cours fondamental de finance dispensé par l’ESSEC.

J’ai donc réussi les entretiens et j’ai débuté mon stage. D’ailleurs, tout s’est très bien passé grâce à mes années à ESE. En effet, j’étais déjà opérationnel sur Excel et PowerPoint, j’étais habitué à un haut niveau d’exigence et à prendre des responsabilités. C’est d’ailleurs un élément qui peut être très différenciant lorsque vous sortirez de ESE pour chercher un stage.

Quelles tâches as-tu effectué pendant ce stage ?

Les tâches d’un stagiaire en M&A diffèrent selon les étapes du processus de la vente d’une entreprise.

Premièrement, la conquête du mandat de vente est une épreuve de vitesse et de précision, durant laquelle le stagiaire contribue à préparer le pitch de vente, un défi d’une semaine environ au cours de laquelle ses compétences analytiques sont mises à l’épreuve aux côtés d’un analyste ou d’un associate.

Ensuite vient la préparation du deal, une période s’étendant sur un à deux mois. C’est le moment où l’analyse s’approfondit et l’info mémo prend forme. Cette présentation exhaustive, dépassant souvent les 100 slides, est destinée aux acquéreurs potentiels et marque le savoir-faire du stagiaire dans la mise en forme des informations clés de l’entreprise en vente.

Enfin, le deal-live représente le dernier sprint où, bien que l’implication du stagiaire diminue, son rôle de support demeure essentiel. L’exposition à divers projets dépend du rythme des transactions du fonds. Un stage de six mois peut coïncider avec l’achèvement d’un deal, à condition d’un timing parfait.

En ce qui me concerne, j’ai pu voir trois projets différents, dont un de A à Z.

Pourquoi avez-vous choisi de passer au M&A juste après ESE, puis de bifurquer entre le PE et le M&A ?

Ma première expérience en M&A était dans le contexte du stage chez Natixis Partners. Mais j’ai également pu découvrir le PE dans ce même cadre. En effet, j’ai effectué mon stage de fin d’étude dans le fonds de PE CAP PARTNERS que j’ai beaucoup apprécié. Je voulais donc commencer en PE pour mon premier emploi directement après ma sortie de l’ESSEC.

Mais c’est un métier difficilement accessible en sortie d’école. Il y a une très forte demande et faible offre. Mes recherches ont débuté pendant le confinement mais le marché de la transaction financière n’était pas forcément très actif à ce moment et il n’y avait donc que peu d’offre d’emploi. J’ai donc choisi de retourner chez Natixis Partners car mon stage s’était très bien passé et cela me permettait d’acquérir de l’expérience pour rejoindre ensuite un fonds de PE.

Le monde du PE et du M&A

Peux-tu expliquer les grandes différences entre le PE et le M&A ?

Le PE et le M&A sont des métiers cousins mais qui présentent quand même des différences.

Le M&A s’apparente à du conseil à la transaction (achat ou vente). Dans le cadre d’une vente, il s’agit donc de conseiller les actionnaires souhaitant vendre l’entreprise dans laquelle ils ont investi. Dans le cadre d’un achat, il s’agit de conseiller le candidat souhaitant acheter l’entreprise. Il y a donc beaucoup d’échanges d’informations entre les deux parties et de nombreuses réunions. En général, le traitement d’un dossier dure entre 4 et 5 mois et il y a donc régulièrement des phases de rush.

Pour le PE, c’est un peu différent. Ici, l’objectif n’est pas de vendre des entreprises mais d’en accompagner et de les aider à se développer. L’horizon temporel est donc plus long et généralement nous travaillons entre 5 et 7 ans avec les entreprises. Il y a une aide à la prise de décision stratégique et une veille des opportunités pour l’entreprise. Bien sûr, les fonds de PE investissent dans les entreprises et cherchent à rentabiliser leur investissement.

Quelle est ta préférence entre le PE et le M&A au regard de ton expérience ?

Je dirais que je préfère le PE. Tout d’abord, je trouve que l’horizon temporel plus long permet de prendre plus de recul sur les sujets traités. Cela nous permet aussi de voir évoluer l’entreprise dans la durée et de voir concrètement que l’on participe à créer de la valeur.

De plus, le PE intègre des enjeux de type stratégiques vis-à-vis des entreprises que l’on accompagne, ce qui n’est pas le cas du M&A. Le rythme horaire est également un peu plus léger. Cependant, ce n’est pas toujours vrai. Dans le cas d’un fonds de PE large cap, les horaires sont assez comparables avec celles du M&A.

Enfin, je trouve que le M&A est trop guidé. En d’autres termes, il s’agit d’exécuter des tâches en appliquant ce qu’on nous dit, tandis que le PE, selon mon expérience, nécessite plus de réflexion et est plus stimulant intellectuellement.

En école de commerce, on entend souvent parler des salaires en PE et M&A qui sont très élevés. Sachant que tu es dans ce milieu, peux-tu nous donner un ordre d’idée des rémunérations (salaires + bonus) selon ton poste ?

Pour vous donner une fourchette en sortie d’école, on pourrait espérer toucher entre 50k€ et 55k€. Ce salaire est fixe chaque année mais il y a aussi une prime variable qui peut représenter environ 50% du montant du salaire fixe. Il y a également d’autres avantages mais pour faire simple, on peut espérer gagner environ 90 000€ par an en sortie d’école.

Je tiens à préciser qu’en PE, le salaire peut varier selon la taille du fonds et les entreprises accompagnées. Par exemple, les salaires ne seront pas forcément les mêmes entre du small cap, du mid cap et du large cap. En d’autres termes, plus vous travaillez avec des grosses entreprises et plus vous avez de chances d’avoir un meilleur salaire. En contrepartie, vous serez sans doute amené à avoir des horaires plus intenses.

Peux-tu nous parler de ton quotidien et ton métier : à quoi ressemblent tes journées ? Les horaires effectués sont-elles si intenses qu’on le dit ? Arrives-tu à trouver un équilibre entre vie pro et vie perso ?

Chez Naxicap, je trouve que j’ai un bon équilibre de vie. Pour vous donner un ordre d’idée, je travaille généralement de 9h à 20h. Il peut cependant y avoir des variations lors de périodes de rush. Il est très important pour moi d’avoir du temps pour voir mes amis, profiter, faire du sport, etc…

Je n’ai pas vraiment de journée type mais certaines tâches sont assez récurrentes. Par exemple, je suis amené à examiner beaucoup de dossiers, à effectuer des recherches sur les entreprises, construire des modèles LBO, préparer des notes pour le comité d’investissement. Une grosse partie de notre travail est aussi en lien avec les entreprises dans lesquelles nous avons déjà investi.

Comment vois-tu l’avenir du PE ?

On constate que le PE s’ouvre de plus en plus aux particuliers. En théorie, le PE est uniquement accessible aux LPs (Limited Partners) qui peuvent être des fonds souverains, des caisses de retraite américaines, etc… Ceux-ci investissent dans le PE afin ne pas laisser leur argent dormir. Mais depuis quelques années, il est désormais possible d’investir dans un fonds de PE sans pour autant être millionnaire. Il existe certaines offres d’investissement débutant à partir de quelques dizaines de milliers d’euros, ce qui reste néanmoins assez onéreux pour la plupart des particuliers. Selon moi, cette tendance va s’accentuer dans le futur mais il faudra rester vigilant à bien choisir le fonds dans lequel on souhaite investir.

Est-ce déjà arrivé que l’accompagnement d’une entreprise par Naxicap se passe mal ?

Effectivement, parfois l’accompagnement d’une entreprise peut se passer de manière délicate. En ce qui concerne Naxicap, nous avons eu un cas de ce genre. Notre fonds a choisi d’accompagner une chaine de salle de sport en Suisse juste avant la pandémie du Covid. Or, toutes les salles ont logiquement été fermées durant 2 ans et Naxicap a été obligé d’investir plus que nécessaire dans l’entreprise afin d’éviter la faillite. Cependant, les perspectives sont redevenues plus optimistes car la pandémie est maintenant derrière nous.

Il se peut également qu’une innovation majeure d’un concurrent entraîne subitement une perte des parts de marché de l’entreprise accompagnée. Dès lors, sa valorisation est grandement impactée. On peut aussi imaginer un autre scénario dans lequel un arrêt des subventions d’un secteur vient remettre en cause la valorisation de l’entreprise accompagnée.

As-tu des conseils pour un étudiant (1ère année ou plus) qui cherche à entrer en PE ou en M&A ?

Il faut savoir que la concurrence est rude, notamment en PE. Par exemple, nous avons récemment cherché à recruter deux personnes et nous avons reçu plus de 600 candidatures. Nous sommes donc obligés de procéder à un gros tri sur la base du CV, en recherchant plusieurs critères. Par exemple, nous souhaitons des personnes issues des meilleures écoles de commerce ayant une certaine expérience dans le secteur de la finance et notamment le M&A. En revanche, il ne faut pas oublier que décrocher un stage peut aussi se faire grâce au hasard. Par exemple, je connais une personne ayant décroché un stage après avoir sympathisé avec son voisin de place dans un train.

Retour sur ton passage à ESE

6 ans après, qu’est-ce que ton passage à ESE t’a apporté ?

Le passage par ESE permet d’arriver sur le marché du travail avec beaucoup de compétences déjà acquises. Nous savons faire preuve de rigueur et d’exigence d’un niveau professionnel car c’est notre relation avec le client qui est en jeu. De plus, nous développons beaucoup de hard skills (Excel, Powerpoint, etc…) mais aussi des soft skills. Par exemple, à force de pitcher l’association face à des personnes beaucoup plus âgées et expérimentées, on prend vraiment confiance en soi et on gagne en crédibilité. On a donc une vraie longueur d’avance par rapport aux autres candidats.

As-tu un souvenir marquant de ces deux années à nous partager, une anecdote de bureau ?

Durant ma première année, nos « vieux » nous avaient réquisitionné sur tout un week-end pour s’assurer que tous les documents étaient en règle avant qu’ils ne quittent ESE. Mais c’était en réalité une surprise de leur part et nous sommes en réalité partis en voyage à Budapest. C’est d’ailleurs cette année qui a marqué le retour de la tradition du voyage de fin d’année à ESE.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un comme moi qui vient d’arriver dans la structure ?

Selon moi, il ne faut pas avoir d’inquiétude et on se met assez naturellement dans les traces du bureau du dessus. C’est vrai que le passage entre la première et la deuxième année peut parfois être assez étrange et déroutant. Cette prise de responsabilité soudaine peut faire peur mais il ne faut pas hésiter à contacter des anciens pour leur demander de l’aide.

Quelles relations entretiens-tu avec le bureau plus vieux/jeune ?

Durant ces deux années, nous passons tellement de temps avec ces personnes que nous tissons des liens très forts. C’est une relation très particulière et nous sommes tous très proches car nous traversons de nombreux moments ensemble. Nous sommes ensemble dans les hauts mais aussi dans les bas, ce qui fait que nous devenons vraiment soudés.

Nous remercions Nicolas Vincent pour ce moment d’échange privilégié